Appauvrissement de la vie culturelle à Saumur

Publié le par culture saumur

La commission culture de la Ville de Saumur s'est réunie le mardi 13 mai. Sophie Tubiana, ex-adjointe à la culture, membre de cette commission, nous a communiqué les changements de politique culturelle "voulus" par la nouvelle équipe municipale.


Le programme de la saison théâtrale 2008/2009 initialement prévu est amputé d'un certain nombre de spectacles. Dix-neuf spectacles sont annoncés contre vingt-six pour la saison 2007/2008. 

1- Trois pièces de théâtre sont programmées contre six pour la saison 2007/2008. Le théâtre contemporain disparaît presque complètement au profit du théâtre classique (Marivaux, Tchekov). Seule une pièce de Koltès échappe à la "censure".

2- Les musiques du monde disparaissent complètement


3- La chanson française disparait presque complètement
(un spectacle en mai 2009)


4- Les musiques actuelles sont sous-représentées (un spectacle de hip-hop en novembre 2008)


La part de la musique classique est en revanche renforcée
(six concerts)
 


On notera la baisse importante du nombre de spectacles proposés (-7). Au vu de la programmation retenue, on observera la prédominance du classique (musique et théâtre : huit spectacles), au détriment du contemporain (théâtre et musiques du monde : un spectacle).
En définitive, nous assistons bien à une diminution et à un appauvrissement de l'offre artistique proposée par le théâtre de la Ville de Saumur. 



Lors de la même commission, les élus de la nouvelle municipalité ont confirmé ce que nous vous avions annoncé il y a trois semaines. Ils ont ajouté à cela d'autres suppressions que nous ignorions. Voici la liste des décisions prises :

A- le programme Voisinage est supprimé. Il permettait à des troupes régionales de présenter des spectacles contemporains. Ce programme bénéficiait du soutien de la Région des Pays de la Loire.

B- le programme Spectacl'Appart est supprimé. Il permettait d'organiser chez des Saumurois des spectacles de chansons, de littérature et de mimes en offrant ainsi une réelle convivialité et une proximité des artistes avec leur public

C- les expositions d'art contemporain sont supprimées

D- le programme Parcours théâtral est supprimé. Il permettait à des collégiens et à des lycéens (350 cette année) d'assister le soir avec le public à deux spectacles de théâtre (contemporain/classique), de préparer le spectacle grâce à la médiation culturelle, et de rencontrer les comédiens ou les techniciens. Bénéficiant d'un soutien financier de la DRAC et du Rectorat, il ne coûtait presque rien à la Ville.

E- les Rencontres photographiques n'auront lieu qu'une année sur deux 

F- l'opération "les Ronds-points de novembre" n'aura lieu qu'une année sur deux  

G- la médiation culturelle, établissant des passerelles entre l'offre culturelle de la ville et la population, est  fortemement réduite (il est question de supprimer le poste de médiateur culturel). .

H- enfin, au Centre des Arts Plastiques et de l'Image (CAPI), un membre de l'équipe partant en stage pour un an ne sera pas remplacé : cela se traduira par une réduction de moitié du nombre d'ateliers proposés. Une augmentation de 20% des tarifs pour les ateliers adultes a été également décidée



Cette liste parle d'elle-même. A vous de juger... et de réagir. Quant à nous, nous demandons solennellement au conseil municipal du vendredi 23 mai de ne pas entériner ces décisions. 



 

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A
Je voudrais juste dire un mot aujourd'hui sur les "ronds points de novembre". Chaque année quand les jours raccourcissent et que la pluie tombe (vous allez me dire qu'elle tombe aussi beaucoup au mois de mai mais n'allons pas accuser la nouvelle municipalité de tous les maux non plus... quoique !!) Chaque année donc, les ronds points artistiques mettent un peu de fantaisie, d'humour, de perplexité et de poésie sur les grandes artères de notre belle endormie. Mon fils qui a fait la visite guidée grâce au CAPI -mais l'année prochaine il ne la fera pas car il n'y aura ni artiste ni adhésion si les tarifs augmentent !- me la restitue ensuite et son regard de 7 ans sur la météorite du chateau, les lettres hollywoodiennes ou la cage forcée est assez savoureux. A l'automne prochain, restriction budgétaire et rétrecissement des esprits oblige, nous pourrions mettre une jolie cage bien dorée sur le rond point Maupassant et y enfermer les lettres CULTURE !! A moins que nous ayons réussi à desserrer l'étau d'ici là !
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L
C'est avec tristesse que je viens de découvrir les nouvelles consternantes relayées par ce blog... et c'est pourquoi je désire vous apporter aujourd'hui un commentaire. Ce qui arrive à Saumur n'est malheureusement pas un cas isolé. D'après mon expérience (et comme l'a mis en évidence la manifestation qui a eu lieu à Paris les 28-29 février 2008, voir http://29fevrier.over-blog.com/article-16852986-6.html), tous les milieux où la culture tente de se penser, de s'élaborer, de se réinventer pour faire écho aux générations actuelles sont, dans le fond, très inquiets de la politique dite "culturelle" mise en oeuvre depuis un an. Il est en effet très étrange de promouvoir officiellement une "politique de civilisation" et, dans le même temps, d'exclure du champ culturel ce par quoi la civilisation existe dans le présent, à savoir la culture en train de se faire, de se critiquer elle-même, de parler, de se repenser et de se réinventer pour se transmettre et construire l'avenir. Qu'est-ce que la culture sans les artistes contemporains? Quelle vision - voire quelle idéologie - promeut un pouvoir politique qui vous dit (par ses actes) : la culture du passé est belle, mais la culture actuelle, contemporaine, ne mérite pas qu'on s'y attarde ? (On a connu d'autres époques où le langage - tout en faisant la même chose - était plus cru, honorant le "classique" et fustigeant l'art contemporain "dégénéré".) Bien sûr, la culture classique est essentielle, mais si elle l'est, c'est parce qu'elle reste moderne - universelle - de tout temps. Le "classicisme" n'est qu'un autre mot pour signifier l'éternelle modernité d'une oeuvre. On ne relit Corneille ou Racine ou Marivaux aujourd'hui que parce qu'ils restent actuels. Les Corneille, les Racine, les Marivaux d'aujourd'hui (qui bien sûr écrivent autrement et ne figurent guère sur les listes de best-sellers), partageant l'ambition de s'inscrire dans cette universalité qui permet de penser et repenser l'humaine condition dans un monde qui change de plus en plus vite, et qui le font enrichis de l'expérience de deux ou trois siècles supplémentaires, sont-ils soumis en réalité, aujourd'hui, à la censure du pouvoir administratif? Quand ce sont les bureaucrates qui décident des programmes des salles de théâtre, et non plus les hommes de l'art à l'affût des nouveautés qui permettent d'ouvrir les esprits plutôt que de les entretenir dans la nostalgie d'un passé supposé glorieux, peut-on encore parler de démocratie et de liberté d'expression ? Ce qui se passe à Saumur est grave. Et j'espère que la population de Saumur saura répondre de façon à la fois posée et ferme à une bureaucratie qui semble sur la voie - apparemment légitimée par l'Etat central et le vote républicain - de l'abus de pouvoir, menaçant la liberté d'expression et de création. L'Etat français, démocratique et républicain, a des traditions, parmi lesquelles non seulement le soutien du patrimoine culturel, mais aussi le soutien aux entreprises culturelles innovantes et l'ouverture à la culture en train de se faire. Abandonner brutalement cette tradition-là sous prétexte d'imposer un modèle emprunté à d'autres sociétés qui ont d'autres traditions, d'autres mentalités et une autre histoire, c'est risquer de tuer les forces vives de notre propre culture. Si la France a besoin de réformes - ce que personne ne conteste - celles-ci ne passent pas nécessairement par l'assassinat officiel et programmé, au nom d'une supposée "politique de civilisation", de la culture contemporaine. Ou alors, si l'on entend conduire l'Etat comme une entreprise privée (ce qui semble être la tendance actuelle), il faut être logique et lui demander - pour la culture - 1% de toutes ses recettes, au titre du mécénat. Et redistribuer ces sommes aux artistes confirmés, engagés dans la cité. Voilà qui donnerait l'exemple et représenterait une vraie rupture ! Si c'est une utopie, au moins peut-elle servir à combattre le double discours qui nous est aujourd'hui servi, pour réduire les budgets, étrangler les associations et les compagnies, et réduire la vie culturelle à une peau de chagrin. La culture n'est pas un gadget. Ce n'est ni une "distraction", ni l'alibi d'une politique peu ouverte à la critique, fût-elle constructive. Et c'est encore moins une marchandise. La culture, l'art, la littérature, le théâtre, etc... sont une nourriture indispensable à tout esprit humain pour se développer, s'épanouir et prendre sa place dans le monde. Quand on laisse l'argent mener le monde et quand on promeut ce modèle comme idéologie pour tous, alors on a oublié que l'être humain est d'abord et avant tout un être de langage. Et on ne sait pas vraiment ce que parler veut dire. Tout artiste sait que la politique, c'est l'art du double langage. C'est pourquoi le politique se méfie de l'artiste contemporain - comme il s'en est toujours méfié, de tout temps : parce que l'artiste, parfois, est doté d'une oreille assez fine pour être capable de le percer à jour et de le démasquer. Mais quand le roi n'a plus de bouffon mais seulement des courtisans, quand le politique prend prétexte de restrictions budgétaires pour museler les artistes de son époque (avec, parfois, le consentement de ceux qui y trouvent leur compte), quand il refuse de soutenir les initiatives artistiques qui vont vers les jeunes pour leur donner accès à cette culture vivante, actuelle et plus ancienne, la démocratie n'est-elle pas en danger? et n'est-il pas temps de se demander où est passée la liberté de pensée et d'expression ? Les initiatives actuelles qui privent les jeunes générations des accès à la culture qui leur sont indispensables (et la suppression, à Saumur, du parcours théâtral est à ce titre aussi symptomatique qu'inquiétante) est ce qui risque de conduire ces jeunes vers plus de violences. Quand les jeunes n'ont plus les moyens de comprendre le monde dans lequel ils vivent et de s'exprimer (moyens que leur donnent en partie les pièces contemporaines, ainsi que les échanges avec les artistes contemporains), ils n'ont plus que la violence pour dire leur malaise. Seul le "travail de culture", avec ceux qui la font et ceux qui la transmettent, peut leur permettre de se construire des repères et de s'ancrer dans la société et dans le monde. En un mot, soutenir la culture non seulement classique mais contemporaine est un devoir social, car c'est la culture en tant qu'elle offre un miroir de la société, les débats qu'elle soulève et les échanges qu'elle permet, qui fait lien social. Beaucoup de gens, en France, on commencé à "entrer en résistance" contre le vent réactionnaire qui souffle depuis quelque temps, au nom d'une "culture" dont les hommes portés au pouvoir par le suffrage universel ont une vision à la fois passéiste et décalée. Ce blog montre que Saumur n'est pas en reste. Bon courage, donc. Il y a du travail... et plus les échanges seront nombreux et ouverts, plus les débats se multiplieront, plus le meilleur de notre culture renaîtra, renouera avec ce que la tradition française a de plus vif, de plus créatif, de plus cultivé au meilleur sens du terme - bref, cette face claire qui a longtemps fait la réputation de la France à l'étranger. N'oublions pas que si l'argent mène les hommes par le bout du nez au-delà duquel ils ne voient pas, c'est le langage qui a créé le monde dont nous avons hérité. Pardonnez ce commentaire sûrement trop long... Je me suis laissée aller à penser tout haut, avec l'espoir d'aider ceux qui s'interrogent sur la situation actuelle à se faire leur propre opinion. Louise L. Lambrichs écrivain (romancière et essayiste, publications au Seuil, aux éditions de l'Olivier, aux éditions Philippe Rey)
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O
Un seul mot : CONSTERNANT...
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